Extrait non signé datant d’AL+9, l’année où les fidèles commencèrent la reconstruction du temple d’Adamant.
Les contes sont formels sur le fait que les Grands Immortels ne possèdent pas de forme physique fixe, mais le prince Adamant se distingue en cela qu’il adapte la sienne en fonction de la personne qui le voit. Selon toute vraisemblance, les derniers mortels à l’avoir vu sont des Valands ayant traversé le dernier cataclysme, et comme on pouvait s’y attendre, leurs descriptions sur son apparence divergent.
La plus exhaustive et celle utilisée dans la plupart des représentations du prince de nos jours se trouve dans le journal intime de la suivante de Violette Élisa Tissra, à qui la Reine Pourpre s’était confiée après l’avoir vu en rêve :
« Il avait l’apparence d’un jeune chevalier de Jance tout vêtu de son armure; il avait de longs cheveux noirs, une cape rouge et un large écu décoré de l’étoile et la montagne; il portait un diadème orné de pierres taillées en étoile; sa cuirasse était d’or et décorée de plumes blanches; sa peau était d’une pâleur radiante et semblait produire sa propre lumière, d’une lueur éblouissante. Elle m’a confié : “J’ai su à nouveau ce que c’est que de vouloir vivre, aimer et être heureuse, puisqu’il avait le visage de celui que mon cœur a aimé et avec qui il désire encore s’échapper. Ce fut comme s’il était venu à mon secours après toutes ces années. Je regretterai toute ma vie cette erreur que j’ai faite de l’avoir laissé partir pour vivre une vie de reine, dans laquelle même un royaume tout entier ne suffit plus à me satisfaire.” »
Il est probable que le prince ait choisi d’apparaitre sous cette forme, celle de son premier prétendant, afin de courtiser la Reine Pourpre, qui s’était convertie au culte de Tèserelle après son périple dans la mer de l’Ouest, et ainsi lui ouvrir les yeux sur les exactions de son mari.
Puisqu’il était cru jadis que de représenter les Grands Immortels constituait un grave péché, et que de simplement les voir était un privilège qui ne saurait être donné au hasard, aucun des contes prédatant l’ère de Valandre ne font mention de leur apparence. Aujourd’hui, nous avons compris que nous devons plutôt multiplier les hommages et les effigies de notre prince afin de prouver notre amour et notre dévouement envers lui. Il est naturel que, sur le site de notre nouveau monastère, nous le présentions comme un vénérable guerrier, vrai et ultime protecteur du royaume et de la foi, tenant l’épée droit vers le ciel, appelant sa lumière bienfaitrice à permettre à la vie de prospérer sur sa terre.